Journée d’études Amour et haine: pour une approche interdisciplinaire

24 juin 2020 – Université de Poitiers

 

Organisateurs

  • Sanja BOSKOVIC (MiMMOC – EA 3812)
  • Effrosyni LAMPROU (FoReLLIS – EA 3816 / MSHS USR 3565 CNRS)
  • Freiderikos VALETOPOULOS (FoReLLIS – EA 3816 / MSHS USR 3565 CNRS)

 

Ces dernières années, nombreux sont les chercheurs qui se sont penchés sur l’étude des émotions. Nous pouvons mentionner parmi les publications de ces dernières années plusieurs volumes collectifs : Iva NOVAKOVA et Agnès TUTIN (2009), Hélène CHUQUET, Raluca NITA et Freiderikos VALETOPOULOS (2012), Fabienne BAIDER et Georgeta CISLARU (2013), Peter BLUMENTHAL, Iva NOVAKOVA et Dirk SIEPMANN (2014), Natalie DEPRAZ et Claudia SERBAN (2015), Anna KRZYŻANOWSKA et Katarzyna WOŁOWSKA (2016), Agnès CELLE and Laure LANSARI (2015), Raluca NITA et Freiderikos VALETOPOULOS (2018).

Dans le cadre de cette rencontre, nous proposons de nous concentrer sur l’étude de deux émotions : l’amour et la haine. Si l’étude du discours de haine, et en particulier du discours de la haine raciste ou du discours raciste, connait une tradition de plus de 20 ans en linguistique et en études du discours (Whillock & Slayden 1995), l’amour, tout comme les autres émotions positives, semble être beaucoup moins étudié. D’après les dictionnaires unilingues, l’amour, d’un côté, correspondrait à une « [a]ttirance, affective ou physique, qu’en raison d’une certaine affinité, un être éprouve pour un autre être, auquel il est uni ou qu’il cherche à s’unir par un lien généralement étroit » (voir TLFi). Ce même amour peut également avoir une dimension sociale et correspondrait à un « principe de cohésion de la société » ou même « […] réalisant sa finalité sociale par l’intermédiaire d’une incarnation ou d’une symbolisation du lien social ». L’amour peut également être la source ou être lié à d’autres états situationnels ayant un caractère collectif et social comme entente, harmonie, accord, connivence. De l’autre côté, la haine serait un « sentiment de profonde antipathie à l’égard de quelqu’un, conduisant parfois à souhaiter l’abaissement ou la mort de celui-ci ». Elle peut également avoir un caractère collectif et fonctionner comme un état événementiel (Lamprou 2004).  Prenant comme base ces définitions, nous invitons les intéressés à réfléchir autour de deux axes :

 

Axe linguistique

Plusieurs questions pourraient être abordées sous cet axe : quels sont les prédicats qui expriment l’amour et la haine dans les différentes langues et comment peut-on proposer une cartographie de ces émotions dans une approche monolingue ou multilingue / contrastive ? quelles sont les moyens linguistiques qui permettent l’expression de l’amour et/ou de la haine ? quelles sont les métaphores utilisées dans les langues pour exprimer ces deux émotions et quelles sont les spécificités par langue ? quels sont les propriétés syntaxiques et sémantiques spécifiques de ces classes sémantiques ? peut-on parler d’un amour social, collectif ou d’une haine sociale et quelles sont les manifestations verbales de ces émotions relationnels? quelles sont les propriétés qui permettent les deux emplois (états émotionnels et situations ou émotions événementiels) ?

 

Axe culturelle et littéraire

Cet axe vise à explorer les émotions collectives développées ou provoquées par l’amour ou la haine. Comme le constate Pierre Livet, « le partage des émotions est très probablement le ressort fondamental de la plupart des émotions collectives » (Livet, 2002, p. 265.). Les émotions éprouvées par les membres d’un même groupe ou d’une communauté sont souvent fondées sur le vécu collectif commun. Ainsi elles contribuent à la constitution de l’identité collective et orientent l’être collectif dans le sens du bien et du mal. L’amour et la haine, deux émotions opposées, comment se reflètent-elles dans l’histoire, dans la littérature ou bien dans la tradition orale ? Peut-on transmettre les émotions collectives ? Sommes-nous conscients de notre héritage culturel émotionnel ? A quel point nos émotions collectives – en occurrence de l’amour ou de la haine – sont-elles liées à nos représentations collectives ? Ce sont quelques pistes de réflexion pour aborder le sujet de notre journée d’étude afin de voir comment les deux émotions – l’amour et la haine – figurent dans le temps et l’espace collectifs.

 

Bibliographie

Baider F. et Cislaru G. (eds), 2013, Cartographie des émotions, Paris, PUS.

Bennett M.R, et Hacker, P.M.S., 2003, Philosophical foundations of neuroscience, Hoboken, New Jersey, Blackwell Publishing.

Blumenthal P., Novakova I. et Siepmann D. (eds), 2014, Les émotions dans le discours. Emotions in discourse, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang.

Bruhl L., 1927,  L’âme primitive, 1927, version numérique : http://psychaanalyse.com/pdf/l_ame_primitive.pdf

Celle A. and Lansari L. (eds), 2015, Expressing and Describing Surprise, Review of Cognitive Linguistics 13 (2), special issue, Amsterdam, John Benjamins.

Chuquet H., Nita R. et Valetopoulos F. (eds), 2012, Des sentiments au point de vue : études de linguistique contrastive, Rennes, PUR.

Depraz N. et Serban C. (eds), 2015, La surprise à l’épreuve des langues, Paris, Hermann.

Halbwachs  M., 2012, « L’expression des émotions et la société (1947) », Les cahiers psychologie politique [En ligne], numéro 21, Juillet 2012. URL : http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=2125

Krzyżanowska A. et Wołowska K. (eds), 2016, Les émotions et les valeurs dans la communication, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang.

Lamprou E., 2004, Les prédicats de réciprocité : étude syntactico-sémantique, Thèse de doctorat de troisième cycle, Université Paris Nord, Villetaneuse.

Livet P., 2002, Emotions et rationalité morale, Paris, PUF.

Nita R. et Valetopoulos F. (eds), 2018, L’expression des sentiments. De l’analyse linguistique aux applications, Rennes, PUR.

Novakova I. et Tutin A. (eds), 2009, Le lexique des émotions, Grenoble, ELLUG.

Scheve Ch. (von), Ismer, S., 2013, « Towards a Theory of Collective Emotions », Emotion Review, 5(4), pp. 406-413.

Szanto T., 2015, « Collective Emotions, Normativity and Empathy : A Steinian Account », Human Studies, Vol. 38, pp. 503-527.

Szanto T., 2016, « Husserl on Collective Intentionality », in A. Salice, H. B. Schmid (éds), The Phenomenological Approach to Social Reality, Dordecht, Springer, pp. 145-172,

Whillock R. K., and Slayden D. (eds), 1995, Hate speech, Thousand Oaks (CA), London et New Delhi, Sage.

 

Frais d’inscription

Pour les intervenants sélectionnés : aucun paiement n’est requis

 

Dates à retenir

  • 1er novembre 2019 : 1er appel
  • 15 janvier 2020 : 2e appel
  • 1er février 2020 : envoi des propositions
  • 15 mars 2020 : retour des doubles évaluations en aveugle

 

Communication : 20 minutes et 10 minutes de discussion

Publication : Un appel à contribution est prévu à l’issue du colloque

Contact : Freiderikos VALETOPOULOS, fvaletop@univ-poitiers.fr