« L'(auto)dérision dans le conflit: état, enjeux, limites »

Vendredi 14 juin 2018

UFR LLSH – Université d’Orléans

Organisée par : Élodie Gallet (REMELICE, Orléans) et Ludivine Thouverez (MIMMOC, Poitiers)

 

Dans la continuité des journées d’études « Discours médiatiques en situation post-conflictuelle » et « Démocratie et résolution de conflits internes : aspects théoriques et rôle(s) des médias » organisées par le MIMMOC et la FE2C (Fédération pour l’Étude des Civilisations Contemporaines) en 2016 et 2017, cette troisième journée d’étude propose d’examiner le rôle de l’autodérision dans le dépassement du conflit politique et social.

L’autodérision, que l’on peut définir comme l’aptitude à rire de soi et être la cible de son propre rire, repose à la fois sur la reconnaissance lucide de ses défauts et faiblesses, tout comme sur un jeu de connivence avec l’Autre. Possédant un statut particulier au sein de la taxinomie de l’humour, l’autodérision permet à la fois de divertir, d’établir une distanciation face à la frustration provoquée par ses propres limites et de générer (ou non) de la cohésion. En contexte de conflit, elle constitue une ressource créatrice qui, grâce à la libération de la parole, atténue la violence ou les tensions sous-jacentes et facilite l’émergence de solutions. En ce sens, l’autodérision est en lien avec le concept de résilience, mais aussi de catharsis.

Envisagée sous l’angle des pratiques discursives, l’autodérision invite à s’interroger non seulement sur le contenu du message humoristique mais aussi sur la situation de communication et le contexte de production de l’humour, en cela qu’il est étroitement lié aux normes sociales et aux rapports de pouvoir établis : à l’attention de quel groupe social l’autodérision se manifeste-t-elle ? De son propre camp ? Du camp adverse ? D’une opinion dont il faudrait gagner la sympathie ? À quels outils rhétoriques recourt-elle  pour sensibiliser l’auditoire ? Existe-t-il des différences significatives en fonction des contextes ?

Les réflexions porteront sur les modalités, les enjeux et les limites de l’autodérision en situation de conflit social ou politique, notamment dans le domaine des médias (presse écrite, télévision, réseaux sociaux), du cinéma et du théâtre, des années 1945 à nos jours. Elles pourront faire l’objet de communications en anglais, en français ou en espagnol.

Programme:

  • Isabelle Boyer, maître de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise, « Pratique de la vanne chez les jeunes : jeu social ou agression »
  • Élodie Gallet, maître de conférences à l’Université d’Orléans, « Autodérision et conflit en Irlande du Nord dans la série Derry Girls »
  • Ali Jamshidifar, dessinateur de presse, « Autodérision en Iran depuis la Révolution »
  • Florencia Liffredo, ATER, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3,« Autodérision dans Bizarra de Rafael Spregelburd, quand la réalité dépasse la fiction »
  • Karine Rivière-De Francomaître de conférences à l’Université d’Orléans, « L’humour en politique – La prise de parole des chefs de parti lors des congrès annuels »
  • Ludivine Thouverezmaître de conférences à l’Université de Poitiers, « Rire et violence armée au Pays basque : de l’underground à la culture mainstream (1987-2017) »
  • Hélène YècheProfesseure à l’Université de Poitiers, « Ossis/Wessis : autodérision et ethno-résilience en Allemagne depuis 1989 »