Cyr-Lemoing, Ariane, Pluralisme et citoyenneté : le discours de la première génération d’immigrants haïtiens de Montréal. Collection des Thèses du Centre d’Etudes Canadiennes de l’Université Paris III – Sorbonne Nouvelle, n°10, 2004, 569p.

Face à la réalité de l’immigration et au défi qu’elle pose à la plupart des sociétés industrialisées contemporaines, on assiste depuis peu à l’émergence d’un débat portant sur la fragilité de la cohésion nationale. Le Canada, bien que reconnaissant officiellement la diversité culturelle comme l’un des pôles de son identité collective, souhaite aujourd’hui formuler de nouvelles propositions du  » vivre ensemble « . La nature du discours social dans la province du Québec est tout aussi identique : après s’être employé à définir pendant de nombreuses années le terrain relationnel de la majorité francophone et des minorités issues de l’immigration, le Québec invite désormais tous ses résidents, quelle que soit leur origine, à participer à un même projet national et à devenir des  » citoyens québécois « . L’état des connaissances sur la vision  » immigrante  » de ces récentes réorientations idéologiques demeure trop fragmentaire. La présente thèse vise ainsi à recueillir les perceptions d’une population établie à Montréal et dite  » visible « , la population haïtienne, sur la société pluraliste québécoise et en particulier sur le thème de la citoyenneté comme nouvelle solution gestionnaire des rapports sociaux. Que signifie en effet la citoyenneté québécoise pour les membres de la communauté haïtienne immigrés au cours des années 1960 et 1970 ? Au regard de leurs expériences de socialisation hétérogènes, très souvent dictées par des formes diffuses de discrimination, quels types de liens sont-ils à présent susceptibles de développer à l’égard de la société civile, de la nation et de l’État ? Ce sont à ces questions essentielles que nous tenterons de répondre.
Facing the challenge of immigration in most contemporary industrial societies, one has been recently noticing the emergence of a debate dealing with the weakness of national cohesion. Despite its official acknowledgment of cultural diversity as one pillar of its mass identity, today Canada wants to define new proposals of  » living together « . In Quebec the nature of social discourse is similar : after many years of definitions of social relations between the francophone majority and the immigrant minorities, now Quebec is inviting its residents to share a common national project to become  » Quebec  » citizens « , regardless of their origins. Yet one does not know much about the immigrants’judgments on these recent ideological reorientations. The current thesis is aiming at collecting the perceptions of a  » visible minority  » established in Montreal, the Haitian community, on the pluralist Quebec society and especially on the theme of citizenship as a new way of social relations management. What does  » Quebec citizenship  » mean for members of the Haitian community who immigrated in the 1960’s and in the 1970’s ? Considering their various socialization experiences which are often linked to vague discriminatory behaviours, what types of links are they developping towards the civil society, the nation and the state ? These are some questions we will try to answer.